Skip to main content

Quels sont les devoirs de l’école?

13. März 2013

par Roland Güttinger

Pour le moment, de nouveaux types d’écoles sont à la mode: des écoles communautaires (Gemeinschaftsschule), des écoles de la mosaïque (Mosaikschulen), la maison de l’apprentissage (Haus des Lernens), des paysages d’apprentissage (Lernlandschaften) et tant d’autres. Ils ont tous en commun qu’ils opèrent avec des termes à connotation positive comme par exemple la communauté, l’apprentissage individuel, l’acceptation de l’hétérogénéité   – tous des termes auxquels ils n’arrivent pas à donner vie, et qui sont par leur structure même difficilement réalisables, même s’ils avaient l’intention de le faire. C’est de la tricherie, de la propagande pure et plate. On peut très bien le démontrer en analysant le terme de l’éducation pour la vie en commun.

Ce n’est pas par hasard que dans les constitutions des différents cantons, l’éducation pour la vie en commun présente une des tâches les plus importantes de l’école publique obligatoire. Par éducation pour la vie en commun, on comprend beaucoup de facultés différentes comme par exemple être à l’écoute d’autrui, s’approcher de l’autre, s’entraider, développer de l’intérêt l’un pour l’autre, développer de l’empathie pour la situation d’autrui, savoir mener des conversations et des discussions, discuter des conflits en commun et trouver des solutions réalisables et justes etc.

Ce sont toutes des facultés dont l’homme d’une société démocratique a besoin parce que, sans elles, une société solidaire ne peut pas se développer. Les origines de ces revendications vont de paire avec les origines de notre école publique obligatoire: tous les habitants devaient obtenir autant de connaissances et de facultés individuelles pour le développement de la personnalité qu’ils puissent devenir des citoyens capables de vivre la démocratie. C’était une des revendications les plus importantes à assumer pour l’école publique obligatoire parce que sa réalisation présentait une des premières conditions préalables pour le développement et le fonctionnement de la démocratie directe. C’est toujours valable   – selon notre constitution.
L’école a donc le devoir d’encourager le développement de l’empathie   – la base de toute coopération fructueuse, de toute ambiance constructive en classe. Les conditions préalables de l’élève ne sont pourtant pas toujours en faveur de ce processus: des modèles défavorables du monde réel ou des médias, des mouvements de repli et d’évasion qui sont développés au cours de la vie individuelle. Le pédagogue doit reconnaître ces développements erronnés et leur faire face. Il ne s’agit donc pas seulement de déficits causés par le développement, pouvant toujours arriver lors de l’éducation, mais de figures d’identification négatifs livrés par l’extérieur, comme par exemple des héros de BD, des monstres et autres figures. Elles ont toutes en commun une perte de la réalité qui présente un obstacle à l’éducation pour la vie en commun et aux études.

L’école est le reflet de notre société. Des notions divergentes des valeurs, des modes de vie conservateurs, religieux, modernes, trop exigeants, échoués s’y rencontrent, s’y montrent dans l’attitude des enfants face à la vie et aux études. Des élèves, calmés très tôt par la télévision ou des médicaments, sont à rude épreuve dans l’éducation pour la vie en commun et même menacés. Eux aussi doivent avoir leur chance.

Ce sentiment d’empathie pour le prochain, qui est la base de toute communauté vivante, a ses origines dans la famille. Après, c’est l’école maternelle qui inclut les premiers pas vers la communauté plus étendue et enfin l’école primaire où la communauté naissante de la classe doit faire face à l’apprentissage ciblé et planifié. Chaque pédagogue en est conscient de ce que cela veut dire quand il ne retrouve pas les bases nécessaires à son enseignement. Là, où la préparation familiale à la vie en commun fait défaut ou est trop peu réussie, l’école se retrouve devant une tâche immense, rarement accomplie. Et la même chose est valable pour les devoirs de l’école maternelle, de l’école primaire et du collège qui ont tous à accomplir leurs devoirs propres pour que l’adolescent trouve sa voie dans la communauté élargie, puisse trouver des amis, devienne possible la coopération, naisse l’intérêt aux devoirs de la société autant qu’il veuille apprendre un métier pour devenir un membre important du rouage de la société.

Un élément important dans ce processus est l’étude en commun des élèves avec leur maître ou leur maîtresse. C’est le pédagogue qui sait où le voyage les mènera par les étapes des leçons, des journées, des semaines et de l’année scolaire. Il a une idée des difficultés à venir, il connaît les embûches de la matière. C’est lui qui maîtrise l’organisation progressive de l’enseignement, c’est lui qui sait que tous ses élèves, malgré leur grande hétérogénéité, sont capables de comprendre et de résoudre des devoirs adéquats, de facon autonome, dans un certain temps. Bien sûr que les manuels jouent un rôle important dans ce contexte, mais ce serait le sujet d’une autre analyse.

Dans ce processus de la phase de travail en commun, la communauté de la classe, surtout sous forme de la discussion en classe, présente une première importance. Rien ne se passe sans écouter, aussi les camarades, ce qu’ils disent, confirment ou corrigent quand on n’a pas très bien compris, poser des questions quand quelque chose n’est pas claire, s’exposer en faisant des propositions, se faire expliquer quelque chose par les autres, laisser parler etc. Ce processus en filigrane est si multiple et complexe que son importance est souvent sousestimée. Mais sans cette coopération de tous, la faculté à vivre dans une communauté et à éprouver de la solidarité ne naîtra pas.

Ci-dessus, nous avons essayé de décrire le cours optimal en situation de classe demandant un maximum de qualités au pédagogue: une présence d’esprit et d’émotion absolue, un soin minutieux dans l’avancement en cours, de la prudence dans les rapports avec chaque élève, de la circonspection pour la dynamique en classe et les rapports entre les élèves. Souvent, les efforts individuels des élèves peuvent mener à des malentendus; des maladresses, des remarques blessantes ne doivent pas seulement être percues comme telles, mais aussi doivent-elles être interprètées pour les élèves ou même corrigées. Les réponses doivent être données soigneusement et appliquées individuellement et le plaisir que l’adulte éprouve au processus commun doit être partagé.

Il est évident qu’on ne réussit pas tous les jours de façon optimale cette tâche. Premièrement, on peut toujours faire mieux ou autrement. Le pédagogue aussi, enrichit ses connaissances continuellement. Ce n’est pas uniquement cela qui rend ce métier si satisfaisant, mais c’est aussi ce qui nous donne de la motivation quotidiennement, de nous améliorer dans l’accomplissement commun de cette besogne avec les élèves. En deuxième lieu, nous, les pédagogues, nous avons besoin, dans ce domaine, de l’aide, de formation continue   – de discussions sérieuses et profondes du phénomène de l’élève et bien sûr aussi de notre propre personnalité. Là, nous n’apprenons jamais assez; mais on arrive aussi à vivre bien sans être parfait.

Retournons aux nouveaux types d’écoles. C’est précisément là qu’avec l’emploi fréquent de l’ordinateur, de programmes tout faits   – élaborés avec tant de subtilités qu’ils soient   – de l’étude individuelle fréquente, où chaque élève se retrouve à un autre moment du processus, qu’on évite le problème de l’étude commune. Je veux bien que ce soit l’élément le plus difficile de la conduite pédagogique parce qu’il faudrait, entre autres, résoudre les problèmes de discipline. Mais ce ne sont pas le changement des structures, ni des «réformes» à l’aide desquels on arrive à contourner les insuffisances individuelles. Ils servent même à éviter le développement de notre propre personnalité. C’est dommage, au fond   – car nous avons le plus beau métier qui existe: ensemble, avec les jeunes, en discussion permanente, s’approcher des grandes questions de la vie et de la société et de préparer les jeunes, aussi bien qu’il soit possible, à ces tâches.

Quelle:
http://www.horizons-et-debats.ch/index.php?id=3808

Beiträge zu Alfred Adler und Friedrich Liebling

Weitere Beiträge in dieser Kategorie